Le “clubbing” est-il mort?

Le paysage nocturne des quartiers historiquement festifs des grandes villes, et particulièrement celui de Paris, a connu ces dernières années une transformation radicale. Les clubs traditionnels, autrefois symboles de la vie nocturne, semblent être en déclin. Mais qu’est-ce qui a conduit à cette situation ?

Un constat alarmant : depuis les différents confinements, une vague sans précédent de fermetures de clubs a été observée et les nouvelles ouvertures se font rares.

Analyse des causes :

Vers de nouvelles formes de soirées : La jeunesse d’aujourd’hui semble privilégier d’autres formes de divertissements nocturnes. Les restaurants festifs, bars à ambiance, chichas et festivals ont gagné en popularité. Ces lieux offrent une expérience plus variée, souvent moins coûteuse et parfois plus authentique que les clubs traditionnels.

Politique anti-club : Paris, ainsi que d’autres grandes agglomérations, semblent mener une politique de plus en plus restrictive à l’égard des clubs. Fermetures administratives, délais allongés pour les commissions de sécurité, limitations horaires et sonores… Autant de freins qui découragent les entrepreneurs du secteur. De plus, l’embourgeoisement des quartiers festifs conduit à une pression accrue des riverains pour des nuits silencieuses.

“Minimum spending”!: Une autre tendance qui pourrait expliquer ce déclin est le développement de la culture des “minimum spendings”. Si les critères de tri à l’entrée (souvent flous ou douteux) ont quelque peu disparu, c’est au profit d’une sélection tout simplement faite sur le prix des tables. La plupart des clubs ont en effet fait évoluer leur aménagement pour laisser la part belle aux consommations sur table, au détriment des pistes de danse. Les tarifs des bouteilles et la somme minimale exigée pour une réservation, souvent prohibitifs pour la classe moyenne, ont créé une barrière financière, rendant l’expérience clubbing inaccessible pour beaucoup.

Insécurité et horaires: un duo démotivant. Les clubs, malheureusement, n’ont pas échappé aux problèmes de sécurité. Agressions, bagarres et GHB ont fait les gros titres, suscitant des inquiétudes légitimes chez les clubbers potentiels. Ces incidents, bien que ne représentant qu’une minorité des expériences en club, ont contribué à une image négative, dissuadant certains de s’aventurer dans ces établissements.

Les horaires de plus en plus tardifs des clubs (parisiens) peuvent également  poser problème. Quand l’ambiance ne prend réellement qu’à 2h du matin, on peut facilement imaginer que le jeune cadre sup’ soucieux de valider sa période d’essai préfère préserver ses heures de sommeil.  À titre de comparaison, nos voisins londoniens ont adopté une approche différente. Les clubs de la capitale britannique ouvrent généralement de 22h à 2h du matin, permettant ainsi une sortie nocturne sans compromettre le sommeil. De plus, Londres bénéficie d’un réseau de bus de nuit, nettement plus dense et étendu que le réseau parisien, facilitant les déplacements nocturnes et renforçant ainsi l’attractivité des sorties en semaine.

Enfin, à l’ère du numérique, les applications de rencontre ont révolutionné la manière dont les gens se connectent et interagissent. Pour beaucoup, ces applications ont supprimé le besoin de sortir, notamment en boîte de nuit, pour rencontrer de nouvelles personnes. On peut considérer que ces applications ont également contribué à la diminution de l’attrait des sorties nocturnes traditionnelles comme moyen privilégié de rencontres sociales et amoureuses.

En conclusion : Le déclin du clubbing traditionnel est le résultat d’une combinaison de facteurs sociétaux, économiques et politiques. Si les clubs ont été le cœur battant de la vie nocturne pendant des décennies, ils doivent aujourd’hui se réinventer pour rester pertinents. Peut-être est-il temps de repenser le clubbing, en le rendant plus inclusif, diversifié et en phase avec les attentes des nouvelles générations.